Tunis
Vol Jerba-Tunis
Le vol Jerba-Tunis est à l’heure. Arrivé à Tunis, nous récupérons nos bagages rapidement : c'est l’avantage des vols domestiques. Un chauffeur de taxi se jette sur nous. Il n’est pas le seul dans la file mais nous sommes ses proies. Nous acceptons, du moment que nous payons le prix du compteur. Un porteur improvisé se jette sur une de nos valises. Je l’ai pris pour un copain ou un assistant du chauffeur et je le laisse faire. Arrivé au taxi il veut une pièce mais je ne la lui donne pas en lui expliquant que je ne lui avais rien demandé. Il dit qu’il est pauvre mais il a de beaux vêtements. Après un manège bizarre où plusieurs taxis reculent pour libérer notre taxi, nous partons vers le centre. Il y a maintenant une voie rapide (2 fois 3 voies si j'ai bien retenu) qui longe le lac et qui mène au centre-ville, en évitant la place Pasteur et l’avenue Mohamed V. On sort sur l’avenue Mohamed V à 100 m de l’av. Bourguiba. Cette voie rapide continue ensuite vers le sud en passant au-dessus de l’avenue Bourguiba non loin du terminus du TGM. Bref, s'il n'y a peu de circulation il faut un quart d'heure pour rejoindre le centre-ville. L’avenue Habib Bourguiba a été complètement remodelée. Le trottoir central a été rétréci et les trottoirs latéraux ont été élargis. Il y a toujours deux fois trois voies pour les voitures. Ces voies ont donc été décalées vers le centre. Sur le trottoir central il n’y a donc plus la place pour ces quatre rangées de ficus (figuiers) qu’il y avait avant. Ces arbres, grands et touffus fournissaient beaucoup d’ombre aux promeneurs et le gîte aux bandes de moineaux et d’étourneaux qui faisait tant de bruit au coucher du soleil. Il n’y a plus que deux rangées d’arbres.
Je ne sais pas si ce sont de nouveaux ficus ou les anciens arbres qui ont été taillés. En tous cas ça me semble beaucoup plus aéré et beaucoup moins ombragé. C’est vide, c’est moins chaleureux. D’autant plus il n’y a plus aucun commerce sur ce trottoir central. Fini les kiosques à journaux et ceux des vendeurs de fleurs. Ils ont été transférés et regroupés sur le prolongement de l'avenue qui commence après la place du 7 novembre (l'angle avec av. Mohamed V, cette place où il y avait la statue de Bourguiba), c'est-à-dire quand on va vers le lac et la gare du TGM.
La statue de Bourguiba à cheval n'y est plus, vous pensez bien ! A la place il n'y a pas la statue de Ben Ali. Comme j'écris dans la page précédente, le Président Ben Ali ne cultive pas le culte de la personnalité et c'est sur divers symboles autour du 7 novembre 1987, date du changement de régime, que l'accent est mis. C'est une sorte d'obélisque avec une horloge qui rappelle un peu Big Ben qui est censé symboliser ce 7 novembre. Bourguiba sur son cheval a néanmoins été replacé à La Goulette. Après tout c'est lui qui est l'artisan principal de l'indépendance, et on ne lui reproche pas grand chose.
De nouveaux ficus ont été plantés sur les trottoirs latéraux de l'avenue Bourguiba. Ils sont plus petits, je ne pense pas que ce soient ceux du trottoir central qui auraient été déplacés. Sur ces trottoirs, il y a maintenant la place pour mettre les tables et chaises des cafés. A la manière des cafés parisiens. Le samedi soir, il est difficile de trouver une table de libre. Il faut attendre qu’une table se libère pour se jeter dessus. Dimanche soir, c’est différent, il y a moins de monde. On peut dire que l’activité s’est déplacée des trottoirs centraux vers les trottoirs centraux. Si on ajoute à cette refonte de l’avenue le fait que l’hôtel Africa a lui aussi changé complètement d’apparence, je n’ai pas tellement retrouvé l’avenue Bourguiba de mes souvenirs. Et les étourneaux ne sont pas là. Mais je crois que ce n’est pas la saison pour eux. Ils sont en Europe en été. En revanche on entend les cris des martinets qui fendent le ciel. Le ciel est en permanence moucheté de ces petites tâches sombres qui filent à toute allure.
Au début de l’avenue de France, à la fin de l’avenue H.Bourguiba, il y a un bel immeuble ancien avec une cour intérieure qu’on rejoint par deux passages, un qui donne sur l’avenue de France et l’autre sur la rue Nasser (le prolongement de la rue de Rome). Au milieu de la cour quelques marches descendent vers un bassin avec une fontaine et un fond en mosaïques. Une demi-douzaine de tortues aquatiques habitent là. Je n’arrive pas à me souvenir de cette cour. Pourtant l’immeuble date des années 30 je pense. Il y a des cabinets d’avocats et de médecins. En revanche je me rappelle très bien le passage du colisée. On entre par l'avenue de Paris et on ressort sur l'avenue Bourguiba ou l'avenue H.Thameur. Il y a toujours le cinéma Le Colisée et le café devant. Dans le passage il y a un photographe, Studio Vedette. J'ai une photo de moi à 14 ans, il me semble bien qu'il y a un tampon "Studio Vedette" derrière la photo.
Le centre-ville Les rues du centre-ville sont propres. Il y a des poubelles un peu partout. Je crois que c’est plus propre qu’il y a 20 ans. Même si l’avenue Bourguiba et les rues du centre-ville sont présentables, certains détails montre que la Tunisie est moins riche que les pays développés. Les peintures blanches sur la chaussée ne sont pas aussi blanches que celles des Champs-Elysées à Paris. On pourrait s’attendre à mieux de la vitrine de la Tunisie qu’est l’avenue Bourguiba. La plupart des immeubles sur l'avenue sont beaux et bien entretenus, mais quand on s’éloigne un peu des abords de l’avenue on tombe vite sur des immeubles qui auraient besoin d’un ravalement.
Je reconnais L’hôtel Africa à sa forme globale mais je suis dubitatif. Je ne me souviens pas qu'il avait cette apparence. Il est désormais entièrement recouvert de vitres et panneaux en verre, à la manière des grands bâtiments d’aujourd’hui. Les quatre coins sont opaques, beige. Un faisceau lumineux les éclaire la nuit, il change de couleur toutes les minutes, ça passe du bleu au vert au jaune au rouge au violet. Il n’y a plus écrit HOTEL AFRICA en grand. Mais il s’appelle encore hôtel Africa. Mais il a été entièrement rénové, depuis peu si j'en crois ce qu'on m'a dit : ça en fait des changements pour l'avenue Bourguiba !Les deux coins de l’hôtel Africa qui sont en façade sont éclairés par de long faisceaux de couleurs. L’ordre des couleurs, vert, jaune, mauve, bleu, est aléatoire. Sébastien en a fait un jeu. Il faut deviner la couleur à l’avance et celui a raison compte un point.
Le Magasin Général avenue de France existe toujours. Il n’est pas plus grand qu’avant. C’est-à-dire qu'il faut environ un quart de la Samaritaine à Paris. Mais il a une belle apparence. Nous y allons faire un tour. Je reconnais l’escalier au fond et les escaliers mécaniques au milieu.
Je suis impatient d'aller voir rue Al Jazirah pour voir si "la Banque" est toujours là. Rien n'a changé, sauf le nom, et l'ajout d'un guichet automatique, comme il se doit en ce début de 3e millénaire. L’Arab Bank est devenue l'Arab Tunisian Bank (ATB) suite à la nationalisation. On voit quelques agences dans tout le pays. L'agence d'origine est toujours là rue Al Jarizah. Nous allons ensuite voir l'entrée secondaire, rue de la Commission (toujours aussi étroite). Je m'apprête à prendre en photo Sébastien. Un passant étonné qui doit se demande pourquoi je choisis un arrière-plan si banal, se place à côté de Sébastien juste avant j'appuie sur le bouton. Il doit se dire au moins comme ça la photo aura un intérêt (avec un Tunisois dessus). La cour qui fait office de stationnement, en face, est toujours là, derrière son grand portail en métal.
A Bab el Bahar
un vendeur de gazouze ambulant veut absolument me faire acheter une canette de coca. J’ai fait l’erreur de décliner en français et donc il insiste. Il veut me mettre la canette dans la main et réclame 1 dinar. Je finis par m'exclamer en lui disant "yizzi aad" ("ça suffit"). Deux mots en tunisien et ça change tout. Il retourne aussitôt s'asseoir sur sa caisse. Je veux retirer de l'argent à l'automate. L'homme qui vient de prendre ses billets s'apprête à partir quand le suivant lui demande de l'aide pour retirer de l'argent. Le premier prend la carte du second et lui demande son code secret, il extrait les billets et lui rend le tout, carte et billets. Il me semble qu'on ne trouve pas beaucoup de gens en région parisienne qui donne sa carte bancaire et le code secret à un jeune homme capable de courir vite.
Lycée Carnot
Un moment particulier pour moi. J’y étais écolier en CE1 et CE2, entre 1972 et 74, il y a 30 ans donc. Et je n’y étais retourné ensuite qu’une fois, en 1979. Ce sont de lointains souvenirs d’enfants que j’ai du lycée Carnot. Ce n'est plus un lycée français de l'étranger depuis de nombreuses années et il s'appelle désormais Lycée Bourguiba (Bourguiba y a étudié d'ailleurs). Mais quand je dis au réceptionniste de l'hôtel que je vais faire un tour au Lycée Carnot, il sait de quoi je parle et me confie que tout le monde dit encore Lycée Carnot. A l’entrée de l'école, une dame assure la permanence en cette période de grandes vacances. J'ai à peine l'occasion de prononcer quelques mots sur mon souhait d'y faire une visite, en tunisien, qu’elle m’invite à entrer et à faire un tour. Je veux lui expliquer que je suis un ancien élève et là encore, elle m'empêche de terminer ma phrase et me dit : je sais, tu as étudié ici, vas-y entre. Je ne dois pas être le seul à faire ce « pèlerinage ».
Je me dirige vers mon ancienne classe de CE2. Je sais exactement où elle se trouve, c'est tout droit depuis l'entrée, sur la droite, la dernière dans la 2e cour. La salle est l’abandon, comme les deux autres salles voisines. Les vitres sont cassées et de magnifiques bougainvilliers fleuris recouvrent en partie les fenêtres et la porte, qui n’ont pas été ouvertes depuis des années. Cet abandon et cette végétation qui a pris le dessus ajoutent un peu à mon sentiment de nostalgie. En même temps je suis satisfait car j'ai l’impression que la salle de classe a été fermée juste après mon époque. Comme si ce lieu n’appartenait qu’à mon enfance passée, et à celles de mes camarades, et non pas à celles des générations plus jeunes. Sébastien pose devant la salle, il a le même âge que moi quand j'étudiais dans cette salle.
J’essaie de me rendre dans la cour où donnait ma salle de classe du CE1. Mais il n’y a plus de passage, c’est muré. En fait j’ai l’impression que toute une partie n'appartient plus au lycée. Je suis un peu déçu mais d’un autre côté je ne suis pas sûr que j’aurais retrouvé la salle. Je l’aurais peut-être confondue avec les salles voisines. J’essaie de trouver l’entrée que j’empruntais, avenue de Paris, mais en vain. Il y a bien quelque chose qui ressemble à une entrée qui aurait été murée, j'ai l'impression que c'était ici.
En revanche, je retrouve facilement la petite entrée dans l’impasse des entrepreneurs. C’est de là que je sortais le soir quand j’étais au CE2. J’allais au bout de l’impasse m’asseoir sur une table au bout de la terrasse du café qui faisait l’angle avec l’avenue Habib Thameur. Et là j’attendais Mohamed. Le garçon de café ne me demandait rien. Lui et les clients étaient habitués à me voir et ils devaient certainement veiller sur moi du coin de l’œil, discrètement. Ce café n’existe plus, il y a un magasin maintenant. Faut dire que le métro léger passe à quelques centimètres du trottoir, et ce n’est pas l’endroit idéal pour une terrasse de café.
Le passage Après le lycée, le quartier du passage : Fin de l’avenue de Paris et début de l’avenue de la Liberté. Nous traversons le parc H.Thameur. De l’autre côté il y a une gare routière. C’est là que là que les bus 38 ou 7 s’arrêtaient quand j’allais de Mutuelleville au centre-ville. Et c’est là qu’il fallait changer pour un autre bus qui se rendaient vers le centre. C’est peut-être toujours comme ça. Retour au parc. La nuit s’installe. Un homme parcours le parc en soufflant dans un sifflet pour demander aux promeneurs de l'évacuer, c’est l’heure de sa fermeture.
Je me dirige vers mon ancienne classe de CE2. Je sais exactement où elle se trouve, c'est tout droit depuis l'entrée, sur la droite, la dernière dans la 2e cour. La salle est l’abandon, comme les deux autres salles voisines. Les vitres sont cassées et de magnifiques bougainvilliers fleuris recouvrent en partie les fenêtres et la porte, qui n’ont pas été ouvertes depuis des années. Cet abandon et cette végétation qui a pris le dessus ajoutent un peu à mon sentiment de nostalgie. En même temps je suis satisfait car j'ai l’impression que la salle de classe a été fermée juste après mon époque. Comme si ce lieu n’appartenait qu’à mon enfance passée, et à celles de mes camarades, et non pas à celles des générations plus jeunes. Sébastien pose devant la salle, il a le même âge que moi quand j'étudiais dans cette salle.
J’essaie de me rendre dans la cour où donnait ma salle de classe du CE1. Mais il n’y a plus de passage, c’est muré. En fait j’ai l’impression que toute une partie n'appartient plus au lycée. Je suis un peu déçu mais d’un autre côté je ne suis pas sûr que j’aurais retrouvé la salle. Je l’aurais peut-être confondue avec les salles voisines. J’essaie de trouver l’entrée que j’empruntais, avenue de Paris, mais en vain. Il y a bien quelque chose qui ressemble à une entrée qui aurait été murée, j'ai l'impression que c'était ici.
En revanche, je retrouve facilement la petite entrée dans l’impasse des entrepreneurs. C’est de là que je sortais le soir quand j’étais au CE2. J’allais au bout de l’impasse m’asseoir sur une table au bout de la terrasse du café qui faisait l’angle avec l’avenue Habib Thameur. Et là j’attendais Mohamed. Le garçon de café ne me demandait rien. Lui et les clients étaient habitués à me voir et ils devaient certainement veiller sur moi du coin de l’œil, discrètement. Ce café n’existe plus, il y a un magasin maintenant. Faut dire que le métro léger passe à quelques centimètres du trottoir, et ce n’est pas l’endroit idéal pour une terrasse de café.
Le passage Après le lycée, le quartier du passage : Fin de l’avenue de Paris et début de l’avenue de la Liberté. Nous traversons le parc H.Thameur. De l’autre côté il y a une gare routière. C’est là que là que les bus 38 ou 7 s’arrêtaient quand j’allais de Mutuelleville au centre-ville. Et c’est là qu’il fallait changer pour un autre bus qui se rendaient vers le centre. C’est peut-être toujours comme ça. Retour au parc. La nuit s’installe. Un homme parcours le parc en soufflant dans un sifflet pour demander aux promeneurs de l'évacuer, c’est l’heure de sa fermeture.
Le passage Après le lycée, le quartier du passage : Fin de l’avenue de Paris et début de l’avenue de la Liberté. Nous traversons le parc H.Thameur. De l’autre côté il y a une gare routière. C’est là que là que les bus 38 ou 7 s’arrêtaient quand j’allais de Mutuelleville au centre-ville. Et c’est là qu’il fallait changer pour un autre bus qui se rendaient vers le centre. C’est peut-être toujours comme ça. Retour au parc. La nuit s’installe. Un homme parcours le parc en soufflant dans un sifflet pour demander aux promeneurs de l'évacuer, c’est l’heure de sa fermeture.
Le soir il y a beaucoup d'animation sur l'avenue Bourguiba et ses abords. Signe des temps : la mondialisation touche aussi la Tunisie puisqu'il y a des snacks où l'on sert des paninis ou des kebabs à la turque (sandwich grec, ou shawarma si vous préférez). Il y a 25 ans les seuls restaurants "exotiques" étaient les pizzerias. La chaîne Ben Yedder semble toujours être les pâtisseries de référence en Tunisie, à voir la file d'attente (photo) devant celle de l'avenue de France.
Le métro de TunisLe « métro léger » de Tunis est en fait un tramway qui circule en site propre, c’est-à-dire qu’il a ses propres voies que les voitures ne peuvent pas emprunter, sauf aux carrefours où les différentes voies se croisent. Pour signaler son passage il fait « bim bim », comme à Vienne. Toutes les lignes (N° 1 à 5) empruntent la même voie quand elles traversent le centre. Le sens nord-sud se fait avenue de Paris et le sens sud-nord est avenue H.Thameur, à l’inverse des voitures. C’est bon à savoir pour regarder avant de traverser. Il faut plus se méfier des voitures que du métro car il roule plus lentement et signale son passage avec ses "bim".
La Tunisoise est émancipéeIl fallait s’y attendre, il y a beaucoup moins de femmes voilées ici à Tunis qu'à Zarzis. C'est l’anonymat ainsi que la modernité de la grande ville qui veut ça. Le sifsari semble complètement has been. Maintenant, quand on prend une photo à Tunis on n’a plus ces formes blanches en arrière-plan. On voit juste encore quelques dames âgées en sifsari. Je me souviens qu’au milieu des années 70 c’était presque un uniforme pour les femmes des villes. Les jeunes, quand elles veulent avoir une tenue islamique, porte le hijab sur la tête mais elles se rattrapent sur le reste : chemisier et pantalon à la mode, et les chaussures à talon des Spice Girls ou encore les chaussures de sport fluorescentes. Mais je n'ai pas été voir dans les quartiers plus populaires genre Montfleury ou Djebal El Ahmar.
Circulation à Tunis
Les automobilistes et les piétons sont un peu moins disciplinés qu'en France mais nettement mieux que dans certains pays latin comme l'Italie. Je me souviens d'un Italien qui disait à la télé que au moins en "Africa" (c'est comme ça qu'ils désignent la Tunisie) les voitures s'arrêtent au feu rouge. Néanmoins beaucoup de piétons traversent quand c’est rouge pour eux et rendent le trafic automobile moins fluide. Les automobilistes tunisiens eux respectent les feux mais peuvent parfois manquer de courtoisie. Et Ça klaxonne beaucoup. En gros ce n'est pas tellement pire qu'à Paris.
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